2.13.2011

I] L'explosion médiatique

A) L'EXPLOSION MEDIATIQUE EN MUSIQUE

   Le Rock'n'roll devient un phénomène national que personne ne peut ignorer.
La télévision, la radio, le cinéma, s'emparent tous du genre pour le diffuser en masse, sans trop savoir ce qu'il deviendra; c'est l'explosion médiatique.
  Pour désigner cette musique, le premier à utiliser le terme rock’n roll est Alan Freed. Ce célèbre disc-jockey a été un grand acteur dans la transition des musiques noires dans la culture des blancs, en particulier sur la radio WJW en 1951 où il anime un programme de soirée qu’il intitule : « Moondog’s rock’n roll party ». « To rock’n roll » signifiait alors en argot noir « faire l’amour », mais Alan Freed s’est toujours défendu d’avoir voulu faire un lien entre la musique et ce sens argotique. La plupart des musiciens qui se feront connaitre sont d’ascendance modeste, comme le montre Elvis Presley qui était chauffeur de camion. Contrairement aux pratiques musicales de l’époque, les musiciens de rock seront indifféremment blancs ou noirs, jusqu’à ce que Allan Freed ait l'idée de faire connaitre aux blancs la musique noire, car chacun écoutait le style de musique qui « convenait » à son appartenance ethnique. Effectivement, le rock est un produit de consommation .  La consommation devient le but ultime de la vie et de l'activité économique. L'aspect symbolique est signe d'appartenance à un groupe social qui devient l'élément central de la motivation de la consommation.  Le rock fera tomber ces barrières.

 
B) ELVIS ET LE ROCK'N ROLL

  Elvis Presley connait immédiatement une ascension fulgurante et construit les fondations du rock, dans le style musical. Il est surnommé the Pelvis (le bassin en anglais) avec son célèbre rictus et son déhanchement provocateur qui choquera volontairement une grande partie de l’Amérique lors d’un show télévisé où il interprète le célèbre Hound Dog. Phillips l'envoie en tournée dans le sud des États-Unis. Les débuts sur scène du futur « King » du rock and roll sont assez maladroits, mais certainement pas timides. Les coups brusques de bassin du jeune homme, une innovation provocante pour l'époque, lui valent le surnom de « Pelvis » et amplifient sa notoriété.
   Si les jeunes reconnaissent immédiatement en Elvis Presley un des leurs, il n'en va pas de même pour leurs parents qui, scandalisés devant les déhanchements de plus en plus suggestifs d'Elvis, cherchent à le faire interdire. En conséquence, certains de ses concerts seront purement et simplement annulés et ses disques brûlés en public. En Floride, en août 1956, à Jacksonville, alors que la jeune vedette s'apprête à monter sur scène devant 22 000 admirateurs en délire, on le prévient que la police est présente dans la salle pour filmer ses fameux déhanchements. Elvis décide alors de ne bouger que son petit doigt pendant toute la durée du concert, et l'hystérie est à son comble. Le dernier de ses cinq 45 tours, I Forgot to Remember to Forget, accompagné de Mystery Train, atteint la première place au classement des ventes de « singles » .



C) L'EXPLOSION MEDIATIQUE AU CINEMA

   Hollywood commence à s'intéresser au mouvement et quelques films feront dates. Le cinéma incarne les bienfaits de la société de consommation. C'est une société dont le ressort principal est la consommation des ménages sans cesse stimulée par les nouveautés. Le gouvernement fédéral n’hésite pas à défendre les intérêts des producteurs d’Hollywood qui, à terme, correspondent aux interts des États-Unis. Le cinéma véhicule l’image de la réussite, celle de l’american way of life (c’est une expression désignant un éthique nationaliste américaine qui prétend adhérer aux principes élaborés dans la déclaration d’indépendance des États-Unis) .
   Dès 1954, Hollywood s'intéresse à lui. Sa première apparition sur écran en tant qu'acteur est surprenante.  C’est en 1956 qu’il joue dans le film The Girls Can’t Help It (La Blonde et Moi), véritable anthologie du rock du moment ainsi que Don’t knock the rock et Jailhouse rock en 1957
   Son dernier film tourné avant qu'il parte pour l'armée sera considéré comme son meilleur. Il s'agit de King Creole. Le scénario était prévu pour James Dean et le personnage passe du boxeur au chanteur. Une fois de plus, Elvis interprète un garçon simple qui s'en sort grâce à la chanson.              Toutes ces productions n'ont qu'un seul but : distribuer Elvis dans le monde entier sans que la vedette n'ait besoin de se déplacer. Le succès est phénoménal, mais au fil des années, la magie se perd et les films d'Elvis deviennent des caricatures.


D) L'AVANTAGE DES INNOVATIONS TECHNIQUES

   L’explosion du rock’n roll a aussi été facilitée par l’apparition des guitares électriques, les solid body, c'est-à-dire d’un seul tenant et sans caisse de résonance et un micro magnétique assurant seul l’amplification. Sa commercialisation sera fin 1950 puis la télécaster et la stratocaster. On assiste alors à la fabrication en grande série de guitares électriques légères et peu chères alors qu’elles étaient jusque là plutôt haut de gamme.
 


E) L'APPARENCE : UN RÔLE IMPORTANT

   Elvis, qui est alors célèbre dans le sud et sud-ouest des États-Unis, rencontre à la fin d'un concert un homme qui est vaguement impresario, mais plus connu en tant qu'aboyeur de cirque. Thomas Andrew Parker ou Tom Parker dit « le colonel », qui fut un temps impresario du jeune chanteur Eddy Arnold, mais c'est avec Elvis qu'il va se hisser au sommet de sa profession dans le « show business ». Il signe en 1955 un contrat d'exclusivité avec Elvis sur vingt ans, avec à la clé 15 % de tous les revenus de Presley. (Dans les années 1970, ce pourcentage est porté à 50 % parce que Presley est son seul client). Le « colonel » impressionne Elvis, c'est un homme autoritaire et à qui rien n'échappe. N'a-t-il pas dit à Elvis pour l'approcher : « Jeune homme, pour l'instant vous valez un million de dollars, bientôt vous les aurez comptant ». Ce sont ces phrases qui impressionnent le jeune Elvis qui rêve de réussite et de dollars tout autant que Parker lui-même. Ce duo atypique change le monde du show business. Elvis, avec son look de jeune premier qui deviendra le plus grand sex symbol de l'histoire, sait comment attirer les foules sur scène avec sa voix, ses mimiques, ses pas de danse osés et son sens de l'humour. Quant à Parker, il a le sens des affaires et organise la carrière du King comme un véritable show commercial : tubes, films à succès, produits dérivés, posters, photos… Le monde de la musique en est ainsi à jamais transformé car beaucoup de ses techniques ont été reprises par d'autres artistes.


  Parallèlement à la télévision, Elvis poursuit ses tournées de concerts qui deviennent très vite une sorte de kermesse, une foire dangereusement incontrôlable. La vedette se produit devant des foules immenses, arrivant en Cadillac rose et surprotégé par une nuée de policiers, l'Amérique veut voir et toucher ce jeune chanteur devenu en moins d'un an une idole pour ses enfants. L'année 1956 se termine en beauté, Elvis décroche son 48e disque d'or de l'année, il fait l'objet d'une véritable vénération hystérique et déclare au fisc pas moins de 22 millions USD en revenus.



                                               -LA FIN DES PIONNIERS-
   Vers la fin des années 50, les grands pionniers américains arrêtent de leur plein gré ou non leur carrière musicale. L'establishment américain commence à s’inquiéter de cette fièvre qui contamine sa jeunesse. Franck Sinatra traite le rock « d’aphrodisiaque dégoutant » et le sénateur Mc Carty prétend que « les DJs des stations radio passant cette musique touchent des pots de vins des communistes ». Elvis Presley part faire son service militaire en Allemagne fin Mars 1958 pour deux ans. Lorsqu'il revient de son service militaire, Elvis Presley n'est plus le même, de nouveau groupes de rock font leurs apparition. Lorsqu'il apparaît à l'écran, on retrouve un personnage qui reste dans les normes et ne cherche plus à avoir un comportement qui choque le spectateur. Comme l'a dit plus tard John Lennon,  « Elvis est mort le jour où il est entré à l'armée ».

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